La croissance, oui, mais après ?

Même appelée "croissance négative", la récession est présentée comme un spectre à éviter. Il est vrai qu'une crise économique, ce n'est généralement pas agréable. C'est synonyme de privation, de morosité, de perturbations voire au pire, de misère et de conflits.

Je m'étonne néanmoins d'entendre si souvent parler de la croissance comme d'un état normal, d'un objectif à atteindre ou d'un cap à tenir. A l'entendre, croître devrait être l'habitude et toute décroissance serait une situation inacceptable, un peu comme si l'économie avait malencontreusement trébuché, un incident fâcheux survenu dans sa longue marche naturelle. Dès que le problème survient, on se crispe en attendant de repartir du bon pied, vers des chiffres forcément positifs. Et on oublie tout jusqu'à la prochaine crise...

Pourtant, si la croissance est un phénomène qu'on observe dans la nature, il a généralement une fin. Qu'un enfant ne grandisse pas est anormal mais qu'un adulte continue à croître l'est tout autant ! Du coup, j'ai l'impression que le discours qui nous est servi au quotidien est trompeur. La croissance n'est probablement pas la situation équilibrée, qu'il faudrait viser à tout prix. L'équilibre n'est-il pas à 0 ?

Sans vouloir me ranger derrière ceux qu'on appelle les "décroissants", il faut bien avouer que la recherche de la croissance est une jolie fuite en avant, issue d'un sacré bourrage de crânes qui dure depuis des années... Non, la croissance, ce n'est pas la stabilité.

Ca me fait penser aux constructeurs automobiles qui "s'étonnent" de ne plus arriver à vendre la quantité faramineuse de véhicules qu'ils ont réussi à nous refourguer jusqu'à présent. Le marketing a beau avoir des effets, tout le monde ne renouvelle pas sa voiture tous les ans... Chercher des débouchés, vouloir innonder les nouveaux marchés porteurs est une chose, se demander de ce qu'on fera quand tout le monde sera équipé en est une autre. On a beau nous parler de belles stratégies issues d'un travail rationnel, la démarche globale c'est plutôt "développons-nous tant que c'est possible, on verra bien le moment venu si ça fait mal de rentrer dans le mur".

A ce propos, ceux qui décident d'aller dans le mur sont souvent ceux qui sautent du véhicule avant le choc. Un passager averti en vaut deux... Et d'une manière ou d'une autre, nous sommes tous des passagers.



Commentaires

économie  croissance  décroissance  crise  conjoncture  équilibre  maturité